Sous l’épaisseur de la nuit se cache le bleu du ciel
Du 5 novembre 2025 au 17 janvier 2026, nous sommes heureux d’accueillir une exposition personnelle de la grande photographe Sakiko Nomura (1969, Japon).
Sakiko Nomura explore l’intimité de ses modèles dans des chambres dépouillées, où la nudité des lieux répond à celle des corps. Ses images se construisent dans l’ambiguïté des ombres et des lumières, là où se confondent chien et loup, masculin et féminin, jour et nuit. Dans cette obscurité incertaine surgit l’intensité d’un instant suspendu. Est-ce l’éclair d’une seconde, la durée d’un silence, ou le calme avant la tempête ? C’est peut-être tout cela à la fois — ou rien...
L’exposition met en résonance deux ensembles : Night Flight, l’une de ses rares séries en couleur encore jamais exposée, et Another black darkness une série énigmatique, d'images uniques, d'un noir intensément profond.
Night Flight, 2008 © Sakiko Nomura
« Que suis-je en train de faire ? Je me retrouve nue, allongée sur le lit dans une douce obscurité. La lumière de la lampe brille comme si elle flottait dans les airs. Les draps en soie sont agréables au contact de ma peau. Assise en tailleur au pied du lit, une femme tient un petit appareil photo. Qui peut-elle bien être ? Au-delà de l'appareil photo, je vois une peau blanche. Des vêtements noirs. Le son sensuel d'une voix féminine. Que peut-elle bien me dire, ici, dans ma nudité ? Le bruit d'un obturateur qui clique. Elle dit à nouveau quelque chose. Ces sons doux m'impressionnent par leur élégance. Ils sont proches, mais semblent venir de très loin. Je me demande ce qu'elle dit. La voix qui parle est plus qu'un son. Ou plutôt, comme une musique apaisante. Et pourtant si vague. Quelque chose tombe vaguement sur mes yeux. C'est comme si un film aussi fin que les ailes d'une libellule avait été tiré entre elle et moi. Et pourtant, il est aussi solide que de la soie d'araignée. Comment ce film peut-il être si solide ? Je ne sais pas. Le film ne peut tout simplement pas être fragile. C'est ce que je pense. À nouveau, le bruit d'un déclencheur. Le voile tremble légèrement. Je regarde fixement mon bras devant moi. La voix de la femme s'estompe au loin. Le film coupe immanquablement la lumière, parfois en se fondant dans celle-ci. Je suis transporté dans un monde de ténèbres chaotiques. Et une fois de plus, je retourne dans le monde de la lumière. Mais pendant un instant, je suis perdu entre les deux »
Excerpt from Tatsushi Omori's essay titled Light in the Chaos, published in Night Flight (2008)
Night Flight, 2008 © Sakiko Nomura
Communiqué de presse